Europe 98

    Laurence Leboucher, championne d’Europe.

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Le 13 août, Laurence Leboucher confiait à l'Orne hebdo : “pour ces prochains championnats d'Europe, si je me sens bien, si le circuit me plait, je ferai bien sûr le maximum et j'irai à fond mais je ne prendrai pas de risque compte tenu des rendez-vous à suivre “ (NDLR : finale de la coupe du monde et championnat du monde ).
Le circuit lui a donc plu et la jeune vététiste de Saint-Léonard-des-Bois a été sacrée championne d'Europe, ce dimanche 23 août, en Belgique, a Aywaille. “Je me sentais bien. Physiquement, c'est la forme. Et le circuit me convenait bien avec de longues montées, roulantes. Quant aux descentes, j'ai fait beaucoup de progrès, elles ne m'ont pas gênées. Dans ces conditions, je suis partie dès le début, puis j'ai géré la course... en assurant notamment dans les descentes pour ne pas crever. ”.

2'54" d'avance ...

Résultat : une première place devant la Norvégienne Gun Rita Dahle avec 2'54 d'avance... “Ca a été plus facile que je ne pensais, en effet. Je me méfiais notamment des Italiennes Ce rendez-vous, Je l'ai pris comme un test, pour me situer par rapport à mes adversaires avant les deux grandes compétitions qui vont clôturer l'année. ”.
Et quelle saison aura effectué la sociétaire de l'Union Cycliste Alençon Damigny ! La voici désormais seconde mondiale, et toujours seconde au classement coupe du monde. Une performance jamais réalisée par une Française dans cette discipline qu'est le V.T.T. cross-country. Jusqu'à cette année, pas une seule française n'avait remporté une épreuve de coupe du monde. Laurence en a remporté deux.

Ce dimanche, c'est presque la consécration avec ce premier titre international. Presque, car Laurence Leboucher, toujours hypermotivée, ne se contentera pas de cette réussite. “J'espère en effet faire quelque chose aux championnat du monde. La Coupe du monde n'est pas terminée non plus. ”.


Plus elle enchaîne les titres à haut niveau, plus sa détermination augmente. “Ca donne vraiment envie de toujours se surpasser. Puis il y a les supporters aussi, de plus en plus nombreux. C'est terriblement réconfortant et encourageant”.

98 Europe podium t


A chaque étape, elle prend confiance en elle, de plus en plus convaincue que personne n'a de véritables raisons de lui faire peur. “Disons que sur ce niveau désormais, plusieurs ,filles sont capables de gagner. Et notamment une épreuve comme les championnats du monde, puisque la compétition a lieu sur une journée. Tout peut arriver, en bien, comme en mai.

Au lendemain de son titre européen, assaillie par les coups de téléphone, les félicitations, les interviews, Laurence avait déjà l'esprit tourné vers ses prochains rendez-vous : “Ca fait terriblement plaisir ce titre, mais tout s'enchaîne et va très vite. Je reprends l'avion vendredi. L'entraînement continue... Il ne faut surtout pas se relâcher et garder le rythme... A peine le temps donc de fêter sa victoire... “On a un peu fêté ça avec Christophe Dupouey (NDLR le vainqueur homme du .championnat d'Europe, lui aussi français). On s'est laissé aller à manger quelques frites et boire un peu de champagne... Il ne faut surtout pas recommencer cette semaine. La fête, ce sera à fin de la saison. Et on fêtera, car il s'est passé beaucoup de bonnes choses.
 

Et comme elle le confie déjà il y a quelques semaines “je n'ai plus rien à perdre maintenant. Quoi que je fasse ma saison aura été superbe. Quoi que je fasse dorénavant ce sera bonus pour moi. ”.

Eh bien, voilà Laurence Leboucher fixée ! Ce titre démontre, après ses deux premières victoires en Coupe du monde en mai et juillet. que la vététiste normande file à grands coups de pédales vers le sommet. “ Je suis mieux physiquement, psychologiquement, techniquement. Je n'ai plus peur dans les descentes, je suis bien dans les côtes. Je veux me rapprocher des  meilleures dans les grands rendez-vous. Je me donne jusqu'à 2002”.

Ouest France (24/08/98)

Le Maine-Libre (25/08/98) : Laurence, racontez nous votre week-end européen...

Laurence Leboucher : Depuis le début du mois de juillet que je ne les avais pas revues, je m'attendais à retrouver mes concurrentes très fortes. Je les avais surestimées. En outre dès ma première reconnaissance du parcours, j'ai senti que ça pouvait être ma course.

M.L. : Vous arrivez avec près de 3 minutes d'avance sur la. 2e, la Norvégienne Gun Rita Dahle...

L.L. : Depuis le début de saison je n'avais pas pris de départ à mon compte. J'ai pris ce risque à Aywaille pour me tester avant les épreuves mondiales de septembre. Dès la première bosse, j'ai fait exploser les pelotons et pris 15 à 20 secondes. Ma tactique consistait à partir devant pour aborder les phases techniques en tête et imposer mon rythme dans les descentes, mon point faible, sur un parcours où on pouvait difficilement doubler. Mon temps d'avance s'est accru régulièrement et j'ai vraiment creusé l'écart sur le dernier tour (sur un total de trois, chacun de quelque 9 km, ndlr).

M.L. : Ce succès est révélateur de vos progrès...

L.L. : Depuis mon accident en 1996 (clavicule cassée, ndlr), j'avais peur dans les descentes. Mes pertes de temps dans ces portions là étaient trop importantes pour espérer un podium international. Cette année j'ai réussi à vaincre ma crainte et si je ne gagne pas encore de temps dans les descentes, je limite considérablement les dégâts.

M.L. : A quoi attribuez-vous ces progrès ?

L. L. : Aux qualités que j'avais déjà, bien sûr notamment mon mental et mon niveau de grimpeuse. Et à mon travail aussi. Je m'entraine de 10 à 20 h par semaine, je continue à faire des courses sur route et, pour gagner de la souplesse dans ces fameuses descentes, j'ai même travaillé sur bicross.

    M.L. Et les résultats ont suivi...

L.L. Oui. J'en suis à deux 1ères et une 2e place en épreuves de coupe du monde. Avec mon succès en championnat d’Europe, cela fait quatre podiums internationaux, dont trois sur la plus haute marche.