Hooglede-Gits

Maryline Salvetat
championne du Monde

Les Championnats du Monde de Hooglede-Gits n'auront pas souri aux favoris. Annoncée au rang d'outsider, la Française Maryline Salvetat (VSLL Castres) est poutant devenue championne du monde hier en Belgique en s'imposant in extremis devant Katie Compton et Laurence Leboucher. Vêtue du maillot arc-en-ciel, elle n'a pu retenir ses larmes sur le podium. "Avec Laurence, nous avons fait une course d'équipe, a relaté Maryline Salvetat. Nous nous connaissons très bien et nous n'avons pas eu à nous parler durant la course. Au départ, une Italienne est tombée devant moi. J'ai pensé que le scénario de Zeddam allait se répéter, que c'était parti pour une course-poursuite. Mais je ne me suis pas affolée et j'ai remonté tout le monde en un tour et demi. Aucune fille ne dominait vraiment, c'était bizarre. J'ai tellement rêvé de ce titre que je ne pensais plus l'avoir."

Salvetat exauce son voeu

28/1/2007 – www.velo101.com

La Castraise Maryline Salvetat s'adjuge le Championnat du Monde Dames devant l'Américaine Katie Compton et la Sarthoise Laurence Leboucher.

2007-01-28_maryline-salvetat

Il y a trois ans à Pontchâteau, la Sarthoise Laurence Leboucher avait conquis un nouveau titre de championne du monde sous la bienveillance de sa coéquipière Maryline Salvetat, laquelle avait contrôlé le groupe des poursuivantes avant d'aller quérir la médaille d'argent. A leur descente de vélo, les deux Françaises s'étaient tombées dans les bras. Laurence Leboucher avait alors glissé dans l'oreille de sa dauphine : "l'année prochaine, ce sera pour toi." Il aura fallu attendre trois ans avant que ce vœu ne se réalise. Et c'est sur les terres flamandes que Maryline Salvetat est venue décrocher son premier titre de championne du monde. Constamment à la recherche de nouveaux défis, Maryline Salvetat avait tenu à tout miser sur le mois de janvier cette saison. Elle a fait l'impasse sur une victoire au Challenge National pour se présenter en grande condition en ce mois de janvier, qui l'a vue débuter l'année par un titre de championne de France.

Depuis un mois, Maryline Salvetat affiche une forme olympique. Elle fait partie des favorites au départ du Championnat du Monde d'Hooglede-Gits, organisé ce matin pour les Dames.
Le circuit est rude. C'est un beau parcours de cyclo-cross que les Flamands ont dessiné sur 3000 mètres, et l'Allemande Hanka Kupfernagel présume d'emblée de ses forces. La numéro une mondiale attaque dès le départ. Elle est aussitôt prise en chasse par la championne du monde sortante Marianne Vos et la Sarthoise Laurence Leboucher. Les deux femmes reviennent une première fois sur l'Allemande, qui insiste et se détache pour de bon. Hanka Kupfernagel prend le large tandis qu'un groupe poursuivant s'organise dans son dos, composé de la Néerlandaise Daphny Van Den Brand, de la surprenante Américaine Katie Compton et des deux leaders de l'équipe de France Laurence Leboucher et Maryline Salvetat.
En tête, Hanka Kupfernagel creuse l'écart, mais l'Allemande s'est toutefois précipitée ce matin, et elle ne va plus tarder à en payer les frais. A mi-course, la championne commence à débourser du temps. Ses adversaires se rapprochent et profitent de son passage par le poste matériel pour la rattraper et la doubler. La Néerlandaise Daphny Van Den Brand place alors un démarrage virulent. La champione d'Europe semble cette fois en mesure d'aller conquérir le titre... sans une chute qui anéantit tous ses espoirs dans le final du Championnat. Maryline Salvetat s'engouffre dans la brèche. La Française saisit sa chance, prise en chasse par l'Américaine Katie Compton. Les favorites Van Den Brand, Kupfernagel et Vos ont disparu de la course au titre. Seule en tête, Maryline Salvetat tient le coup pour résister in extremis au retour de ses adversaires et devenir championne du monde à Hooglede-Gits devant Katie Compton et Laurence Leboucher, qui lui offre un magnifique renvoi d'ascenseur. Et un nouveau triomphe national.
 

La France Cycliste - Février

Leboucher est éternelle

Médaillée de bronze comme à Monopoli en 2003, "Lolotte", double Championne du Monde, a parfaitement secondé Salvetat dans sa quête d'arc-en-ciel.

Cela s'appelle un joli retour d'ascenseur. Il a fallu attendre trois ans pour que Laurence Leboucher puisse tenir la promesse faite à Maryline Salvetat en 2004 alors que les deux coéquipières venaient de jouer la partition parfaite pour prendre les deux premières places du Mondial de Pont-Château. "Nous ne sommes rapides ni l'une ni l'autre, donc le meilleur moyen dont nous disposons pour essayer de gagner, c'est de travailler ensemble, de nous appuyer l'une sur l'autre pour écarter nos adversaires les plus dangereuses", confie la Sarthoise. "On n'élabore jamais une stratégie d'avant course, précise Salvetat. Ii existe de grands automatismes entre nous. On connaît nos points faibles, nos points forts. Il nous suffit souvent d'un seul regard pour nous comprendre." Cette connivence sous le maillot de l'équipe nationale s'est avérée décisive au moment de devoir improviser face à une rivale inattendue, l'Américaine Katie Compton. "On ne la connaissait pas et elle était toujours très près de nous, reprend Leboucher. J'ai donc préféré assurer quand Maryline a pris du champ dans le dernier tour." Avec l'intelligence de course qui la caractérise, la Sarthoise sut contrôler cette adversaire surprise ... comme elle avait su au préalable déstabiliser Kupfernagel en revenant dans sa roue. "Quand Hanka caracolait en tête, je peux vous dire que je me suis dit "Ça y est, on est reparti pour faire médaille en chocolat !" Et puis elJe a chuté et tout s'est inversé !  Il faut toujours y croire jusqu'au bout. C'est un peu notre devise, à Maryline et moi." Une devise plus que jamais pertinente quand on sait que Leboucher, victime d'une crevaison, a quasiment dû effectuer un tour à plat dans la roue de Kupfernagel !

R.B.

"Je ne me sentais pas bien. Dès l'échauffement, j'avais du mal à monter en pulsations", a déclaré la championne de France en résumant sa course: "Cette médaille, je l'ai eue au métier !" Et d'expliquer qu'elle a mis à profit les erreurs commises par l'Italienne Annabelle Stroppero, dans le choix des changements de vélo, pour la distancer avant le sprint.

A l'avant, Van den Brand, désignée grande favorite après ses résultats de l'hiver, a mené grand train pour distancer Kupfernagel, victorieuse des deux premières éditions du Championnat du monde dames (2000 et 2001). A chaque attaque, Kupfernagel est parvenue à recoller mais elle a fini par payer ses efforts dans le sprint enlevé nettement par la Néerlandaise. Pour Van den Brand (24 ans), première représentante d'une équipe néerlandaise efficace (trois dans les neuf premières), ce premier titre relève de la logique.

Depuis 2000, la Néerlandaise de Den Dungen (nord du Brabant) a toujours accédé au podium en ramenant trois médailles de bronze avant l'or de Monopoli. Côté français, Maryline Salvetat, mal partie après un incident de course ("une fille m'a tapé dans le dérailleur", a-t-elle expliqué), a effectué une superbe remontée pour prendre la septième place.

AFP

Au tour de Salvetat

Au bord de la rupture début 2006, Maryline Salvetat a offert un an plus tard un récital triomphant à l'occasion du Mondial Dames de cyclo-cross.

 Maryline Salvetat n'est pas une midinette. La gloire du maillot arc-en-ciel, elle la sait éphémère. Quelques heures après son sacre, la doctoresse reprenait d'ailleurs le chemin de ses consultations en remplacement d'un de ses collègues. C'est ça la vie de Maryline, blouse blanche et cuissard-maillot. Routière et vététiste de formation, elle est venue au cyclo-cross en 2000. Etudiante en médecine, elle cherchait alors une activité pour conserver la forme durant l'hiver. Trois ans plus tard, elle jouait dans la cour des grandes au plan international. Médaillée de bronze et d'argent des Championnats d'Europe en 2003 et 2004, vice-Championne du Monde à Pont-Château en 2004 ... elle a pourtant failli tout plaquer l'an dernier. Son contrat de vététiste n'avait pas été renouvelé chez lapierre et elle avait perdu son titre de Championne de France à Sedan. "Je ne savais plus pourquoi je pédalais, déclarait-elle en Flandres, devant un parterre de journalistes éberl ués par cette sportive diplômée. J'ai eu besoin de faire le vide. Je suis allée rejoindre mon frère à Djiiouti, où j'ai passé quelques semaines. Là, j'ai touché du doigt ce qu'était la misère. Je me suis dit que je n'étais vraiment pas à plaindre et que faire du vélo ce n'était pas si mal que cela."

 Un autre élément va être déterminant dans sa remotivation. De retour en France, elle est contactée par Gérard Brocks qui vient d'être désigné entraÎîneur national des féminines. Le coach de Julien Absalon lui propose un vrai programme sur route qui va la remettre définitivement en selle. A 33 ans, elle remporte notamment le Trophée des Grimpeurs et dispute les Championnats du Monde de Salzbourg sous le maillot de l'équipe de France. Dans la foulée, sa reprise en cyclo-cross est très prudente. La Pyrénéenne a fixé ses objectifs pour plus tard, en fin de saison. Et elle va les tenir. 6e de la première manche du Challenge La France Cycliste, elle monte progressivement en puissance. Au Championnat de France, qu'elle remporte pour la 4e fois après ses succès de 2002, 2004 et 2005, elle est irrésistible. Jean-Yves Plaisance, l'entraîneur national du cross, a la con firma tion de sa grande forme une semaine plus tard en Coupe du Monde à Nommay, où elle prend la 2e place derrière .. Laurence Leboucher mais devant l'Allemande Kupfernagel et la Néerlandaise Vos, les concurrentes les plus dangereuses au niveau international.

Retour par la route

 Maryline était fin prête pour le Mondial. En Belgique, elle a de plus pu compter sur la scie'nce de la course de Laurence Leboucher. La Sarthoise a en effet rapidement compris que Van den Brandt et Vos n'étaient pas dans un grand jour et qu'il ne fallait pas compter sur elles pour revenir sur Kupfernagel. L'Allemande avait choisi de faire le départ, et durant les trois premiers des cinq tours, le titre lui semblait promis. Mais le retour de "Lolotte" la perturba au point de la pousser à la faute. Pendant ce temps, Salvetat s'appliquait à rester zen sur un terrain glissant et boueux. "Au premier tour, une Italienne a chuté devant moi, raconte-t-elle. J'ai été obligée de courir pour ne pas trop perdre le contact avec la tête de course. Je pensais alors que c'était reparti pour un Championnat du Monde galère. Et puis je suis remontée petit à petit vers la tête. Des filles sont tombées, d'autres ont cassé le moteur. .. "

 La force de la Castraise est de n'avoir cédé à aucun moment à la panique. "Avant le départ,j'ai relu le texto que Gérard Brocks m'avait adressé avant les France, confie-t-elle. Ce sont trois mots que je dois me répéter avant l'épreuve et aussi pendant. Ça me fait beaucoup de bien. Gérard est très fort dans ce domaine de la psychologie. J'ai essayé l'an passé de faire mon programme d'entraînement seule, mais moi, j'ai toujours besoin de quelqu'un pour m'aider, m'orienter."

 Succès collectif

 Brocks est donc cet homme. Il aura appris à Maryline à se concentrer sur la course plutôt que de se laisser submerger par des pensées parasites. "Quand j'ai vu les autres filles tomber, je me suis dit "Hou, là, là, ma fille, lève le pied, ça ne sert à rien de te faire mal, demain tu bosses à huit heures." Mais j'ai très vite chassé cette pensée de mon esprit", confirme-t-elle. Une réaction salvatrice qui lui a permis de se replacer en course pour la victoire. Avec le résultat que l'on sait. "J'étais émue sur le podium. Ce maillot, j'en avais tellement rêvé que je n'y croyais plus, avoue-t-elle. Moi, je suis totalement amateur, je pratique le vélo par passion. On n'a de toute manière pas le choix chez les filles. A Trévise, je fais 6e de la manche de Coupe du Monde, ça m'a rapporté 50 € ! Ce n'est pas le vélo qui me nourrit." Alors quand le bonheur de décrocher un titre arc-en-ciel se présente, Maryline ne le boude pas. "Je tiens malgré tout à m'excuser pour les photographes, glissait-elle. Je n'ai pas levé les deux bras en passant la ligne car j'avais un peu, si je peux me permettre l'expression, chaud aux fesses avec Compton juste derrière. J'ai préféré assurer. Sur internet, j'avais vu qu'elle marchait, qu'elle avait gagné des cross aux USA, et je me doutais qu'elle n'était pas venue ici pour rien. En plus, je viens d'apprendre qu'elle fait de la piste, donc elle est rapide. J'ai décidément bien fait d'assurer en ne levant pas les deux bras." Et surtout en attaquant dans le dernier tour avec la complicité de Leboucher qui pouvait contrôler une rivale aussi dangereuse.

 Hervé Bombrun

Classement :

1. Maryline Salvetat (FRA, France) en 42'57"
2. Katie Compton (USA, Etats-Unis) à 1 sec.
3. Laurence Leboucher (FRA, France) à 9 sec.
4. Daphny Van Den Brand (PBS, Pays-Bas) à 31 sec.
5. Hanka Kupfernagel (ALL, Allemagne) à 41 sec.
6. Christel Ferrier-Bruneau (FRA, France) à 43 sec.
7. Marianne Vos (PBS, Pays-Bas) à 1'12"
8. Birgit Hollmann (ALL, Allemagne) à 1'33"
9. Helen Wyman (GBR, Grande-Bretagne) à 2'26"
10. Linda Van Rijen (PBS, Pays-Bas) à 2'42"
...
16. Nadia Triquet (FRA, France) à 3'46"
23. Caroline Mani (FRA, France) à 4'41"
Tableau des médailles :
                       Or    Argent  Bronze  Total    
1. Belgique            2        1      0      3
2. France              1        0      2      3
3. Pays-Bas          1        0      0      1
4. Etats-Unis          0         3       0     3
5. Italie                  0         0      1      1
-. R. Tchèque        0        0      1      1