Interviews

    1995...

 Vous terminez à la dixième place au général, et meilleure Française de l'Étoile Vosgienne, cela vous satisfait-il ?

Laurence Leboucher: "En fait, ma course est bonne, mais elle n'a rien d'exceptionnelle et puis, première Française, cela ne veut pas dire grand chose sur route. En V.T.T., c'est une toute autre affaire, parce qu'il y a Jeannie. En plus, Catherine Marsal et Marion Clignet n'étaient pas là ce week-end".

    l'Étoile Vosgienne coïncidait avec la seconde manche des championnats du monde de V.T.T. Commment se fait-il que vous ne soyez pas présente à Houffalize ?

    L.L. : "Si j'ai participé à la première manche en Espagne où j'ai terminé quatorzième, c'est un peu par un heureux hasard puisque le Team Winora dont je fais partie ne participe pas aux championnats du monde. C'est déjà bien qu'il ait pu continuer à me suivre donc je ne m'en plains pas. Pour moi, l'objectif de l'année demeure les championnats de France de cross".

    LE.: "L'année 94  fut pour vous celle de toutes les galères. Tout est aujourd'hui oublié ?

     L.L. "C'est vrai que ce fut vraiment la saison de tous les soucis dans la mesure où je me suis cassé le poignet et que par la suite j'ai été touchée à trois vertèbres lors d'une grosse chute au Tour féminin.

    La liberté de l’Est (2 mai 1995)

    1997...

    Championne de France en titre de cross country, toujours souriante et sympathique, la sartboise n'a pas la langue dans sa poche. Un petit restau à Saint-jean de Luz était l'occasion rêvée de faire le point avec Laurence Leboucher. Elle nous parle de sa vie et de sa verte campagne..

Vélo Vert : Le vélo, ça s'attrape comment ?
L.L. : Ça m'est venu du Tour de France. je ne manquais pas une étape à la télé. Celui qui m'a donné envie de faire du vélo, c'est Bernard Hinault: un battant. J'étais une vraie fan... Les voisins, eux, supportaient plutôt Fignon c'était la guerre !

    V.V.: Et puis?
    L.L.: Un jour, le père Noël  m'a apporté un vélo rouge avec un cadre femme, un porte-bagages et des sacoches: déception!

    V.V.: Pourquoi?
    L.L. : Ben, moi je voulais un vélo de course! Et tous les matins, je faisais la course avec un gars de ma classe : j'appuyais comme une folle sur les pédales mais je faisais toujours attention de ne pas avoir l'air fatiguée .

    V.V. : . Tu arrivais a suivre ?
    L.L. : Tu parles, je gagnais, oui ! J'avais tout démonté sur le vélo: plus de porte-bagages. plus de sacoches, plus de dynamo! Le père il gueulait...

    V.V.. Tu voulais l'alléger ?
    L.L. : je voulais surtout qu'il ressemble à un vélo de course. Mon père ne voulait pas m'en payer un ! Bref, à 16 ans j'ai rassemblé toute mes économies et je me suis payé mon premier vélo de course.

    V.V. Et alors?
    L.L. Je partais rouler avec mon père et je m'accrochais. Des fois, on  faisait des sorties de 100 km. Un jour, on a fait le Ventoux et 9 ne m'a mis que 5 minutes!

    V V.: Et la compet ?
    L.L. : Dès que j'ai commencé, ça a marché. En 89 je me suis retrouvée aux championnats du monde à Moscou.

    V.V. Tu as bien marché ?
    L.L. Non, il y avait rien à manger. rien non plus dans les magasins et je suis tombée malade. J'avais la hargne, je voulais gagner et j'ai même pas pu courir!

    V.V.: Tu es souvent malade ?
    L.L. : Non. Enfin si. Ça dépend. En 90 j'ai eu une mononucléose. Tout le monde m'a dit "le vélo c'est fini" Moi, je savais pas ce que c'était alors j'ai vite récupéré! Sinon, j'ai souvent été blessée...

    V.V. : Raconte...
    L.L. En 94, première course de la saison à Houffalize : je me casse le poignet. .. Dur, 6 semaines de plâtre sans rouler. J'ai enchaîné avec le Tour de France féminin et j'ai reçu une énorme branche sur la tronche: 3 vertèbres cassées. Trois semaines allongée dans un fit d'hôpital, ça laisse du temps pour réfléchir.

    V.V. Réfléchir à quoi ?
    L.L. : Dans ma tête, j'ai définitivement basculé dans le VTT. je le disais à tous les gens qui venaient me voir: ils y étaient tous opposés et pensaient que c'était le fait de la colère.

    VV.: Tu ne voulais plus faire de route ?
    L.L. : Je me souviens de I'ambiance et de la mentalité: de pédaler pour les autres sans être jamais remerciée... Au VTT, tu ne peux pas tricher: quelque soit ton résultat, tu as tout donné à l'arrivée. Ta victoire, tu ne la dois qu'à toi même.

    V.V. : Vous habitez chez vos parents ?
    LL.: Oui... Tu peux me tutoyer! Mais je fais construire à côté de chez eux pour m'installer avec mon copain.

    V.V.: Le cidre Leboucher ?
    L.L. : Tu parles du cidre que font mes parents ? Autour de Saint Léonard des Bois, beaucoup de gens font leur propre cidre. J'aime bien en boire moi aussi !

    V.V.:Tu te sens Sarthoise ?
    LL : Oui, j'appartiens à mon village. J'ai besoin d'y revenir, retrouver les gens et la nature, me ressourcer. Tous mes points de repères sont ici, si je reste longtemps trop loin, ça va plus.

    V.V.: Les Deschiens ?
    LL: Des Sarthois, comme moi! J'adore: je regarde quand je peux.

    V.V.: C'est quoi le bonheur?
    L.L. : Une petite maison près de Saint-Léonard des Bois, aller voir ma grand-mère et les gens du village, m'occuper de mon âne Galopin, des chiens...

    V.V.: MBK?
    L.L. : Mon premier team officiel. ils ont été les plus francs avec moi. Pendant l'année tout le monde vient te taper dans le dos: "C'est bien, tu marches fort" " et au Mondial du deux roues, plus personne: on te dit que tu ne vaux plus rien. Ça m'est resté dans la gorge, mais je ne te dirai pas qui c'était! (pire)

    V.V.: La Poste ?
    L.L. : C'est mon nouveau team, avec Peugeot. je suis employée à mi-temps à la communication au niveau régional. Une situation qui me convient bien car je peux me consacrer a ma carrière sportive avec plus de sérénité.

    V.V.: Alison Sydor?
    L.L. : Elle n'a pas un beau coup de pédale, moins belle que Pezzo à voir rouler. Par contre, elle se fait vraiment mal sur le vélo.

    V.V.: Tu es exigeante avec le matos ?
    L.L. : je suis très exigeante, chiante même! J'aime que tout soit parfait et je veux comprendre comment ça marche pour pouvoir réparer plus rapidement.

    V.V.: Tu aimes faire la cuisine?
    L.L. : Oui, j'aime bien... Mais j'aime bien la manger aussi! J'adore aller au restau.

    V.V. : C'est pas difficile à concilier avec la diététique ?
    L.L. : Non, quand j'y vais, j'oublie la diététique. L'important c'est d'être bien dans sa tête : si tu commences à peser tout ce que tu avales...

    V.V. : Tu ne suis pas de régime particulier ?
     L.L. : Si, Denis Riché s'occupe de notre alimentation . On remplit un questionnaire avec notre poids, notre taille, les plats qu'on préfère... Mais on mange bien, j'aime la diététique vue sous cet angle!

    V. V. : Le vélo, c'est macho?
    L.L. La route oui, carrément! Mais le VTT ça va, on est bien considérées.

    V.V. : Quelle adversaire crains-tu le plus ?
    L.L. : je ne crains personne. Personne ne m'impressionne. Un jour c'est Pezzo qui va marcher ; une autre fois elle sera à l'arrêt et je serai devant.

    V.V.: Et comme Française ?
    L.L.: Pareil, Sandra est très forte mais on est dans le même team alors...

    V.V. Ton meilleur souvenir?
    L.L. Mon meilleur souvenir, voyons... Euh... Mon titre de Championne de France junior.

    V.V. : Souvent, les filles se rasent les jambes. Souvent, les cyclistes aussi. Toi qui es les deux, comment fais tu ?
    L.L.: je me rase les deux jambes!

    V.V. Comment t'entraines-tu ?
    L.L. je roule environ 2 heures par jour et j'ai des stages avec le team.

    V.V. Des stages?
    L.L. Oui, là on était dans le Luberon avec Christian Taillefer et on a travaillé la descente. C'est génial, on a bien progressé! On repart pour un stage de trial.

    V.V.: Ton nouveau team ?
    L.L. : C'est sympa de se retrouver à quatre filles. On s'entend super bien. on peut s'entraîner ensemble, se conseiller...

    V.V.: Tu roules avec un cardio ?
    L.L.: Oui, je ne le regarde pas en course mais ça me permet d'analyser ensuite, de voir si le coeur est bien monté...

    V.V. : Et après la course ?
    LL: On fait les valises. je remballe le vélo et soit je charge la voiture, soit je saute dans l'avion En général, quand le prends l'avion, je dors à Orly. Le lendemain matin, je récupère la voiture et je rentre

    V.V. C'est pas usant à force ?
    L.L. Non, ça va. Le plus pénible, c'est de décharger la voiture: y’en a partout,

    Je ne crains personne ...

V.V.: ... Sur route ?
L.L. : Oui, je voulais vraiment gagner. C'est plus fort de gagner sur route car le suspense dure jusqu'aux dernières secondes. En VTT tu sais très tôt que tu vas gagner.

    V.V. La route ne te manque pas ?
    L.L. Non, je m'y ennuie et ça m'énerve! Rouler en peloton à regarder défiler les kilomètres sur le compteur... Vraiment ça ne m'intéresse plus.

    V.V.: Tu es heureuse?
    L.L. : Très heureuse... je mène la vie dont j'ai toujours rêvé. je gagne ma vie en faisant ce que j'aime et je pense souvent à ceux qui passent leur journées à l'intérieur.

    V.V. : Imagine: je suis la fée clochette, et je te dis de faire 3 voeux.
    L.L. : (rire) Alors... En premier, pouvoir faire ce qui me plait pendant toute ma vie. Ensuite, euh... Ben, c'est tout!

    V.V.: Les J.O. “Atlanta ” ?
    L.L. : Pas de regrets, je ne pouvais pas faire de podium, alors 1l ou 41 ça ne me fait rien ... je suis partie devant et j'ai sauté. C'est que je n'avais pas la caisse pour être devant.

    V.V. : Bonne ambiance ?
    L.L. : Non, je m'attendais à beaucoup mieux Ça faisait vraiment usine.

    V.V.: Le Tour VTT?
    LL. : Je trouve dommage que les filles soient évincées du Tour. Je pense qu'on aurait pu nous faire courir 1 jour sur 2, ou trouver une solution.

    V.V.: Qui aurais-tu aimé être?
    L L : Ha, ha (sorte de rire) julie Lescaut. (re-rire encore)

    V.V.: Qu'est ce que c'est ?
    LL: Julie Lescaut, la commissaire! Elle trouve toujours tout, c'est cool (rire). C'est nul, mais bon... Tu connais pas ? Quand même! ... C'est le jeudi.

    V.V.: Tu sais moi je sors pas beaucoup Bon quel  est ton plus gros défaut ?
    L.L. : je suis peut-être trop têtue, trop franche ... Ah si, je suis très rancunière! Y’en a, ils sont rayés de la carte. Et puis j'aime bien commander.

    V.V.: Et tes qualités?
    L.L. :je n'ai pas du tout l'habitude de me laisser faire!

    V.V.: Qu'est ce que tu veux cette année ?
    L.L. : Gagner les Championnats de France et bien rouler en Coupe du Monde!

    V.V.: Ton parcours préféré ?
    L.L. : Maintenant, j'aime tout... Sauf la boue.

    V.V.: Les voyages ?
     L.L. : Non, sans plus. J'en fais pas mal pour le vélo mais je suis plus heureuse chez moi.

    V.V. . Pour être sportif de haut niveau, on dit qu'il faut être égocentrique: l'es-tu ? (rapport à la salade)
    L.L. : Ha, ha! (pire). C'est vrai qu'on est quand même égoïste ou égocentrique, comme tu veux. On agit toujours par rapport à notre intérêt et ça peut être au détriment de celui des autres.

    V.V. Qu'est ce que tu manges ?
    L.L. Tout! J'adore la bouffe du Périgord : alors ça c'est top! Les magrets, les fois gras, les salades de gésiers tout ça, humm! (elle en a les yeux qui brillent). Et les bons vins...

    Je suis très rancunière.

    V.V.: Aujourd'hui tu signes des autographes, ça te fait quoi ?
    L.L. : Ben ouais, ça me fait bizarre de signer des autographes. je me rends pas compte de ce que je peux représenter pour  tous ces gens.

    V.V.: La famille ?
    L.L. : C'est important, mais quand je voyage je n'appelle jamais.

    V.V.: Vous aimez les chiens?
     L.L.: Pourquoi tu me vouvoies ?

    V.V. : Ça fait plus "vu à la télé", mais tu peux quand même me répondre !
     L.L. : Ben, j'aime bien les Boxers, le Bulldogs... Tous les chiens en fait qu'on le nez...

    V.V.: As-tu parfois très envie d'aller rouler?
    L.L. : Oui, très souvent. je prends du plaisir à rouler et à m'entraîner. Des fois j'ai pas envie et j'y vais pas... Par exemple le jeudi soir je peux pas: y'a Julie Lescaut! Et puis quand j'aurai plus envie, j'arrêterai.

    V.V.: Tu feras quoi?
    L.L. : je sais pas... Quelque chose où ça bouge, avec des responsabilités.

    V.V.: Commissaire, ça te dirait pas ?
    L.L. : Ah, ah, j'ai pas choisi la bonne voie. je voudrais qu'il y ait des contacts humains.

    V.V..: Tu sais faire les roues arrières ?
    L.L. : Pas trop. Faut que j'apprenne à faire ça, j'aimerais bien savoir . Tiens. c'est mon deuxième voeux je veux savoir faire les roues arrières!

    V.V. La dope?
    L.L. Ça existe et ça existera toujours. C'est un truc vachement secret dans notre milieu. La tricherie existe à tous les niveaux de la société, dans le sport aussi. Le problème, c'est que dès que quelqu'un marche, tous les autres trouvent ça louche. J'essaie de ne pas y penser, sinon c'est même pas la peine de prendre le départ.

    V.V.: Tu es pour les contrôles?
    L.L. : Tu parles, j'ai pas le choix: je suis contrôlée à chaque arrivée! je ne suis pas persuadée qu'on fasse tout pour arrêter le dopage... Quand tu vois les articles et les émissions, t'as l'impression que tout le monde est au courant mais personne ne fait jamais rien!

    V.V. : Ça t'a fait quoi quand on a passé une photo de ton décolleté ?
    L.L. : Au début j y croyais pas quand on me l'a dit! C'était marrant, il paraît que tout le monde à écrit pour gagner un abonnement ?!

    V.V.: Tu m'étonnes, c'était de la folie. Bon, et demain, qu'est ce que tu vas faire ?
    L.L. : Demain je gagne et Sandra est deuxième...

Dit comme ça, on pourrait la trouver un peu prétentieuse... Mais après cette soirée de discussion et de franches rigolades je peux dire que Laurence a juste les idées claires. La pression ?Elle ne connaît pas. A chaque départ, elle ne vise que la victoire, peu importe qui est sur la ligne à ses côtés. A ce rythme là, on ne devrait plus tarder à la voir s'illustrer en Coupe du Monde. Un mental de battante doublé d'une gentillesse permanente, on sent qu'elle puise sa force et son équilibre dans ses racines, son village, sa famille et ses amis... Ab oui, j ' oubliais: le lendemain Laurence a gagné avec deux minutes d'avance sur Sandra Temporelli.

Vélo vert (07/97)

1998...

    Quatre filles dans un team,c'est la première fois que cela se fait. Laurence Leboucher, Sophie Eglin, Zanelle, Sandra Temporelli et Céline “s'ennuyaient” dans des teams disparates. Peugeot et la Poste les ont regroupées pour représenter la France au plus haut niveau et ce sont vraiment quatre drôles de dames.

    VTT Magazine: Alors, cela fait quoi d'être dans un team uniquement constitué de filles ?
    Laurence: Pour moi, ça ne change pas grand chose puisque l'an passé déjà, j'ai fait toute la saison avec Sophie.
    Sophie : En fait, cela permet de resserrer les liens entre nous, surtout avec Sandra que je ne connaissais pas bien.

    VTT Mag: Cela doit forcément vous apporter quelque chose de plus par rapport aux autres filles du circuit ?
    Laurence: Pour tout ce qui est des déplacements sur les Coupes du monde, cela crée une émulation. Avant, nous devions nous débrouiller toutes seules, aujourd'hui nous sommes une vraie équipe.
    Sandra : L'an passé, je n'avais quasiment pas de moyens, je n'allais d'ailleurs pas sur les Coupes du monde. Avec le team, nous nous regroupons, nous voyageons ensemble, c'est certainement ce qu'il y a de mieux pour des sportives.
    Sophie :Jusqu'à présent, j'étais la seule fille dans les teams auxquels j'appartenais. C'est vrai que faire partie d'une structure uniquement féminine, c'est vraiment génial, ne serait-ce que pour les horaires des courses et plein de petites choses quotidiennes qui font que je n ' ai plus l'impression de vivre en décalage par rapport aux autres.
    Céline : Pour moi, faire partie de ce team, c'est un rêve, je roule avec des “ grandes ”. Je pense que je vais vraiment apprendre beaucoup de choses avec elles, c'est ce qui pouvait m’arriver de mieux.

    VTT Mag : Par rapport à Sandra et à Céline qui sont encore des “ débutantes”, est-ce que l'expérience de Sophie et Laurence compte beaucoup ?
    Sophie : Bien sûr, puisque en fait, tout s'apprend sur le terrain. Alors, nous discutons beaucoup entre nous.
    Laurence: Nous faisons nos reconnaissances ensemble et chacune apporte ses idées et son expérience. je viens de la route, Sophie du VTT, Sandra de l’athlétisme, c'est la force du team. Mais cela n'exclut pas l'individualité, puisque nous avons toutes des entraînements différents. Nous nous complétons et cela nous aide beaucoup.

    VTT Mag.: Votre team est unique en France et peut-être même au monde. Est-ce que vous avez, depuis que Peugeot vous a réunies, fait des choses que jusqu'à présent personne ne vous avait permis de réaliser ?
    Laurence : L'une des expériences les plus intéressantes que nous ayons eu pour le moment, C'est le stage que nous avons fait avec Christian Taillefer en début de saison. Cela nous a appris à améliorer notre technique en descente et surtout de nous rendre compte que nous sommes capables d'aller vite. C'est une chose que même en équipe de France, on ne nous avait jamais apprise.
    Sophie : Ce qui est bien, grâce à ce stage, c’est que maintenant, nous appréhendons les obstacles différemment, nous pouvons nous lâcher et ça, c'est vraiment un plus.
    Sandra : Et puis, Christian sait faire passer les choses, il prend du temps pour tout expliquer.

    VTT Mag: Est-ce que c'est une expérience que vous allez renouveler ?
    Laurence : Bien sûr, puisque nous allons faire un stage trial avec Bruno Fernandez.
    Sophie: Jusqu'à présent, nous n'avions que des stages de préparation classique pendant lesquels on roulait beaucoup. Le genre de stages plus spécifiques, c'est nouveau pour nous toutes. Maintenant, nous espérons que nous en ferons d'autres.
    Céline : Moi je n'ai pas pu venir à cause de mes études, mais j'espère que je pourrai participer au prochain, parce que c'est vraiment important pour progresser. Le trial, c'est la base du pilotage, la vitesse vient après.

    VTT Mag : Quatre filles dans le même team, c'est bien. Allez-vous en profiter pour faire des courses d'équipe?
    Laurence: Nous avons toutes le même patron, alors nous avons toutes intérêt à travailler dans le même sens.
    Sophie: Le VTT est un sport d'individualité, et si nous devions faire une course d'équipe, il faudrait que nous ayons toutes le même niveau. Pour l'instant, ce n'est pas le cas, mais il ne faut pas dire que cela n'arrivera pas.

    VTT Mag : Est-ce que vous vous voyez en dehors des courses ?
    Sophie : Nous sommes tout le temps ensemble sur les courses alors quand nous rentrons à la maison, nous essayons de ne pas trop nous voir.
    Laurence: En fait, pendant la saison nous ne “ posons pas souvent les valises ”, rentrer chez nous, c'est un peu les vacances.
    Céline: Moi, malheureusement, comme je ne vais pas sur les Coupes du monde, je ne les vois pas souvent mais j'aimerais vraiment passer plus de temps en leur compagnie.

    VTT Mag : Un team de filles, est-ce que cela aime mettre les mains dans la graisse pour réparer les vélos ?
    Sophie : Il y a de tout dans le team. Moi par exemple, je peux dire ce qui ne marche pas sur mon vélo, mais je préfère faire la cuisine .
    Sandra : je connais les bases, l'indispensable pour m’en sortir et Je suis capable de sentir ce qui ne va pas sur mon vélo, mais c'est vrai que ce n’est pas mon truc. Laurence, en revanche, est très forte en mécanique.
    Laurence : C'est vrai que je serais capable de me débrouiller toute seule, mais je ne suis pas mauvaise en cuisine non plus, surtout en dessert.

    VTT Mag: Parmi vous, laquelle joue le rôle de la maman ?
    Sophie: Avant, nous avions un manager et comme ça na pas trop bien marché, j’ai un peu repris à ma charge le confort du team. Laurence : L’avantage d'avoir Sophie qui nous manage de plus en plus, c'est que, grâce a son expérience des courses, elle sait exactement ce qu'il faut pour que nous soyons bien.

    VTT Mag: Est ce que les autres filles du circuit vous ont parlé de votre team ?
    Sandra : Pour le moment, c'est trop neuf et nous ne les avons pas trop vues, mais c'est vrai qu'elles vont certainement nous en parler.
    Laurence : Il y a Ruttie Mattes qui nous a dit que c'était vraiment bien pour nous d'être dans ce genre de structure.
    Sophie : Il faut dire qu'elle a fait partie du team Evian, alors elle sait de quoi elle parle.

    VTT Mag : Etre toutes ensemble, c'est bien, mais en cas de sélection pour un grand rendez-vous, cela ne risque-t-il pas de créer des tensions entre vous ?
    Sophie : Ces faiblesses inhérentes à un team, il faut savoir les accepter.
    Laurence : En cas de ballotage entre deux coureurs, c'est celui qui marche le mieux qui est sélectionné. C'est la seule chose qu'il faut avoir en tête. Et puis moi, j'ai connu le monde de la route et je peux dire que les sélections du VTT c'est de la rigolade, alors nous verrons bien.

    VTT Mag : Vous avez un masseur, un mécano et un entraîneur, ce sont tous les trois des hommes, n'auriez-vous pas préféré des femmes ?
    Toutes les quatre en coeur: Non surtout pas, il faut absolument qu'il y est une présence masculine dans le team.

    VTT Mag : Et si vous nous disiez exactement ce que vous pensez des autres ?

    Sophie : - Sandra : Une personne discrète qui gagnerait à communiquer un peu plus et qui est en progrès. Depuis quelque temps, nous sommes de plus en plus proches, il faut qu'elle en profite pour encore plus discuter et partager ses tracas et ses Joies avec nous.-Céline: C'est une petite jeune qui est un peu impressionnée par notre expérience mais qui a tout intérêt à apprendre plein de choses à notre contact, elle est vraiment super.-Laurence : Elle a la pêche et c'est une grande championne, elle est franche et directe et c'est vraiment agréable de l'avoir dans le team.
    Sandra:- Sophie Elle nous met en confiance, Je sais qu'elle fait partie de l'histoire du VTT et c'est vraiment bien d'être dans le même team qu'elle. Céline : je ne la connais pas beaucoup, mais je pense qu'elle est un peu timide, comme moi. Comme nous sommes toutes les deux dans la même chambre, nous ne faisons pas beaucoup de bruit, c'est bien ! -Laurence : C'est une battante et elle est franche.
    Céline : Pour moi, ce sont trois grandes qui Jusqu'à présent me semblaient inaccessibles. Avant, quand je me trouvais à côté de Laurence, c'était incroyable, comme un rêve, je vivais ça comme une groupie. En fait, Sophie et Laurence c’est comme un duo, elles me font rire.
     Laurence :- Sophie : Généreuse, peut-être trop certaines fois, mais c'est quelqu'un qui fonce et qui va de l'avant.- Sandra : Elle est réservée, elle aime bien les chiens ! Et c'est surtout quelqu'un de simple.- Céline : Elle est cool, sympa, décontractée, super organisée et vraiment débrouillarde.

Avec Laurence, pleine de verve et toujours prête à rigoler, avec Sophie, pleine de sagesse et de complicité, avec Sandra, pleine de mesure et tout en discrétion, avec Céline, pleine de modestie et d'admiration, ce team n'engendre pas la mélancolie. Mais que l'on ne se trompe pas, les filles ont un moral d'acier et elles démarrent la saison avec beaucoup d'aplomb et d'ambition... A suivre donc!

    1998... (fin de saison)

La conférence de presse commence et c’est à Laurence d'expliquer : le jour où j'ai gagné ma première manche de Coupe du Monde à Plymouth, j'ai dit que lorsqu'on est capable de faire ça, on est capable de gagner un Championnat du Monde, mais j'y ai vraiment cru après le premier tour de circuit, car si physiquement ce n'était pas le souci, il faut être là au bon moment.

    Sur la ligne de départ, on y croit, mais tout reste à faire, mais on doute un peu au départ, on est près du succès, mais on est loin aussi.

    Dès la première difficulté, j'ai senti que c'était pareille et comme j'étais motivée pour le Championnat d'Europe et que je l'ai gagné, un Championnat d'Europe c'était un test, mais un Championnat du Monde, j'avais la confiance, car mes manches de Coupe du Monde et mon Championnat d'Europe assuraient ma saison et comme je n'avais pas trop de pression, la suite c'est un maillot arc-en-ciel.

    Notons en regardant son vélo, Laurence a couru avec 16 vitesses car elle a retiré le petit plateau.

Pourquoi, toujours pour alléger le vélo ?

    Oui, mais comme le circuit le permettait, il n'était pas utile et l'intox" impressionne toujours".

Christian Chauvris : Vaut-il mieux avoir cette épreuve en fin qu'en début de saison, déjà avant tu l' avais préparé en remportant quelques belles victoires, et comme c'était la “ cerise sur le gâteau" est-ce que cela n'aurait pas été plus dur qu'en fin de saison ?

    Laurence : Ce n'aurait pas été la même chose. La première fois où j'ai fait une Coupe du Monde, j'ai terminé 2e par manque d'expérience et on doute car je n'avais pas confiance en moi. Mais on peut y croire, car quand on ne l'a pas fait, on pense que c'est impossible. On en rêve et comme c'est une course d'un jour, la gagner, c'est difficile d'y croire.

Lorsque tu étais partie très vite dans la première "patate", est-ce que tu pensais gagner ?

Laurence : Pour moi, la meilleure façon de déstabiliser les adversaires, c'est de faire un peu 'd'intox', et dans le startfoot, je suis partie très vite, et ma stratégie au départ comme il y avait 4 tours, l'entraîneur est venu nous voir le soir en nous annonçant qu'il y avait un tour de plus et comme il y avait 20 min de course en plus, ça change beaucoup de choses et au lieu de 1 h 45', l'épreuve dura 2 h 12'. Et pendant ce temps, il peut tout se passer. Avec un tour de moins, je serais partie encore plus vite.

Ma question : Les circuits Canadiens sont-ils plus difficiles ?

Laurence : On m'avait dit que le circuit me conviendrait, et comme il y avait de très courtes pentes très techniques, jamais de très grosses montées et comme j'étais hyper bien concentrée .

Ma question : Maintenant tu passes bien les descentes ?

Oui, je n'avais rien à perdre, je me suis forcée et si je m'étais cassée quelque chose... eh bien tant pis, c'est là le risque, l'avance a été régulière et si à l'arrivée j'avais 2 min d'avance, c'est beaucoup et surtout très peu, car à mi-parcours, je n'avais que 30 secondes d'avance et il faut penser à s'alimenter, choisir la bonne trace, ne pas crever, ne pas casser la chaîne, garder la pression et la gérer, car les copains de l'Equipe de France me tenaient au courant de mon avance.Tant que je n'avais pas passé l'avant-dernier tour, il m'a fallu gérer.

Au passage de la ligne en tête, qu'est-ce que ça fait ?

C'est la pression qui retombe, ça fait très bizarre et de penser à ceux qui nous aident, c'est réconfortant. Maintenant, dimanche c'est la Coupe de France à St Gervais, où je vais sûrement être attendue avec les membres de l'Equipe de France.

Christian Chauvris ironise : Laurence, à ton avis, il est quelle heure maintenant ?

Laurence : L'après-midi, Laurence enchaine.Je me contente de ma 2ème place en Coupe du monde et mon trophée me satisfait beaucoup.

La pression je l'ai toujours car Gilles Havard (son collègue à la poste de l'Orne) la voyait 3ème Mondiale et comme ça m'a souri, je suis arrivée 1ère mondiale UCI.Laurence voulait saisir sa chance et, avec la niack, elle a gagné ce superbe titre de façon réfléchie.Comme Laurence n'a eu qu'un maillot, elle n'a pas fait la distribution, mais celui-ci, elle le gardera à la maison, car elle collectionne les vrais. Elle a eu la gentillesse d'enfiler sa tenue et de remonter sur le vélo pour faire quelques photos qu'elle vous offre sur voire bible régionale, le “Normandie Cyclisme”.C'est presque un hold-up je ne sais pas, mais 8 maillots arc-en-ciel sur 9, c'est mérité et perdre 5 kg m'ont fait du bien.

Le directeur de la poste de l'Orne, M. Alain Cavard dira même : "Si Laurence perd 5 kg à chaque grande épreuve, que va t-il en rester à la fin de l'année prochaine ?

Laurence finira cette conférence à la presse en disant “ Le maillot arc-en-ciel donne des ailes. ”

    Bravo championne.

    Et un, et deux, et trois maillots (France  Europe  Mondial) et pourquoi pas quatre (Coupe de France).

Pascal VARREL

P.S. Le président de la CRVTT remerciait Laurence de la part du Comité et au nom de M. Anquetil et félicitait la Poste et les partenaires.

2002...

Quel est le titre qui t'a le plus ému ? 1998 en VTT ou 2002 en cyclo-cross ? : "En 1998, j'ai pleuré sur le podium, ce que je n'ai pas fait cette année. Mais, ce sont deux sensations différentes et j'apprécie autant les deux titres."

La saison VTT va bientôt débuter, à quelles courses vas-tu participer ? : "Je vais débuter par Paris-Roubaix VTT puis la Coupe d'Europe XC en Belgique. Cette année, je participerai à la Coupe du monde, d'Europe et de France. Pour les épreuves de masse, je serai certainement au départ du Roc d'Azur mais pas aux épreuves de masse de mars car j'ai besoin de décompresser après ma saison de cyclo-cross. Sinon, je serai au départ de la Gamelle Trophy car l'épreuve se déroule chez moi et le parcours est vraiment plaisant, on se fait plaisir."

Et quels sont tes objectifs ? : "Je vais essayer de faire la Coupe du monde entièrement pour la gagner, il me manque deux courses à mon palmarès et je me donne deux ans pour remporter cette épreuve en attendant les Jeux Olympiques en 2004."

Si l'on te parle d'Athènes, cela t'évoque quoi ? : "C'est un rêve d'y aller mais aussi de décrocher une médaille. J'ai déjà trois olympiades et le but en soi est d'obtenir une médaille. Pour la couleur, on verra pendant la course et les circonstances."

Quel est l'avenir de ton équipe Team MTB 72 en 2002 ? : "L'avenir, c'est Lucie Garnier et moi même. Nous sommes en attente de partenariats financiers car sans moyen, on ne peut pas aller bien loin. Avec mon ami Stéphane, nous avons investi en 2001 mais je ne pourrai pas continuer comme cela pendant des années."

Que penses-tu des vététistes qui passent sur la route ? : "C'est surement dû à la conjoncture du VTT. Il y a sûrement d'autres sensations à courir le Tour de France par exemple et la route est bien plus médiatique que le VTT."

Et toi, as-tu l'intention de franchir le pas? : "Si j'étais un garçon, je tenterais ma chance sur la route mais je le ferais uniquement si j'avais des chances de gagner des courses, pas pour galèrer derrière."

Justement, comment vois-tu l'avenir du VTT en général et celui du VTT féminin ? : "Je pense qu'il ne faut pas dissocier les deux. Nous sommes dans un tournant pour le VTT, il faut revoir le concept des organisations et notamment la Coupe de France. Il faut faire un concept pour la masse (randonnée avec classement comme les cyclosportives, avec un diplôme en fonction de sa catégorie) et l'élite (circuit plus court pour mieux médiatiser le VTT car c'est plus facile de téléviser un circuit VTT de 5 km qu'un circuit dans les Alpes de 18 km). L'objectif du coureur amateur et de haut niveau est vraiment différent."

Quel rôle joues-tu chez Commençal, participes-tu au développement de la gamme ? Oui, au niveau des vélos de cyclo-cross mais j'ai pas grand chose à ajouter pour les vélos de VTT. Celui de cyclo-cross sera un peu modifié l'année prochaine. Un pilote doit servir à cela : à faire évoluer le matériel."

Te consacreras-tu un jour aux raids longue distance ? : "Non, car on ne peut pas tout faire ! Participer à la Coupe du monde et aux épreuves de longues distances n'est pas compatible. On n'est pas des machines et après les Coupes du monde, de France, d'Europe, le Roc d'Azur, on en a pleins les jambes ! Après les JO peut-être mais pas pour le moment."

As-tu déjà choisi la date lorsque tu arrêteras le vélo ?: "Pour le VTT, cela dépendra de mes résultats en 2004 mais je ferai certainement la saison 2005 en cyclo-cross et ensuite il sera temps de laisser la place aux jeunes."

Et après le vélo, que comptes-tu faire ? : "Pour le moment, j'ai un poste CDI avec la Poste. Ils doivent me proposer un poste après ma carrière mais j'aimerais bien rester dans mon sport. Peut-être passer le professorat de sport car on a des facilités pour les athlètes de haut niveau. Je souhaite faire profiter aux jeunes mon expérience de haut niveau."

Comment as-tu débuté le vélo et à quel âge ? : "J'ai débuté à 16 ans et demi, pas avant car je n'avais pas de vélo. J'ai économisé pour m'en acheter un, mon premier vélo était un Peugeot Mont Blanc à 2340 FF acheté à Alençon. J'avais au début une licence FSGT puis j'ai signé ma première licence FFC en 1989 et j'ai gagné les championnats de France cette année là. Je suis venue au VTT par hasard en 1988 lors d'une course organisée près de chez moi par le receveur de la Poste, j'avais gagné au scratch devant les garçons. A l'époque, le VTT n'était pas ma priorité. Il a fallu attendre 1993 pour que je refasse du VTT. On m'a proposé de rouler pour une marque, j'ai participé à Paris-Roubaix VTT et j'ai gagné ! En 1994, je me suis cassée le poignet au mois de mai, j'ai fait de la route pour revenir et lors du Tour féminin, je me suis pris un arbre sur le dos. Ce fut un tournant et ma carrière a vraiment commencé dans le VTT en 1995. Mon accident m'a forgé le caractère car je suis passé à côté du fauteuil roulant."

Quel est le coureur cycliste que tu admires le plus et pourquoi ? "C'était Bernard Hinault car en dehors de lui, il n'y en a pas beaucoup qui m'ont fait rêver. Sinon, Julie Furtado en VTT car cela représentait un rêve américain."

As-tu un club de supporters ? : "Il vient d'être créé au mois de décembre (Fan Club Laurence Leboucher - 3 rue A. Berget - 72000 Le Mans - 02 43 88 22 76), il compte déjà une cinquantaine de membres. Dans le cyclo-cross, les Belges ont tous leur fan-clubs et en France on n'est un peu en retard mais cela se rattrape (Guillaume Benoist a déjà son fan club par exemple)."

Le mot de la fin : "Il ne faut pas hésiter à venir me poser des questions sur les courses, je serai là pour vous répondre."

Propos recueillis le 12 février 2002

 

· Depuis quand pratiquez-vous votre discipline sportive ? Quel a été votre parcours ?

De 1989 à 1995 j’ai pratiqué le cyclisme sur route avec notamment 17 sélections en Équipe de France. Ensuite j’ai été séduite par le VTT et je me suis consacrée à cette discipline à 100% en 1995.

J’aime le VTT, car c’est un effort intense et solitaire, un peu comme un CLM de 2 heures, et nous avons la chance de parcourir les plus beaux sites. Je pratique le Cyclo-cross depuis 2000 date à laquelle on a vu naître les Championnats de France et du Monde. Ma saison est découpée en 2 : l’hiver le Cyclo-cross et l’été le VTT.

J’ai toujours voulu faire du vélo, je sentais que c’était mon truc. Je me suis achetée mon 1er vélo de course à l’âge de 16 ans. J’ai fait une année de cyclo avec mon père et ses copains, on faisait entre 60kms et 200kms. Ce qui m’intéressait c’était les courses, j’avais le goût pour la compétition et la victoire.

Je signe ma première licence en 1989 en Junior 2 pour courir sur route. A l’époque il n’était pas question de VTT. J’ai tout de suite eu des résultats : je deviens Championne de France Junior sur Route et c’était parti.
J’ai intégré l’Équipe de France Senior en 1991, et j’ai fais mes 1er pas en VTT en 1993 en participant à des compétitions nationales et aux Championnats du Monde à Métabief. J’ai eu 2 accidents en 1994 : un poignet cassé en Mai, et 3 vertèbres en Juillet. J’ai réfléchi et je me suis dirigée à 100% vers le VTT en 1995.

· Comment s’intègre votre pratique sportive dans votre vie personnelle, quotidienne ?

J’ai la chance de bénéficier depuis 1995 d’un emploi sous convention avec La Poste; je suis détachée pour me rendre à l’entraînement et aux compétitions. Je suis rattachée au service communication de La Direction de La Poste de l’Orne, je participe à des opérations de relations publiques et de communication interne à l’entreprise.

J’organise ma vie entre mes entraînements, les voyages pour se rendre sur les compétitions et le travail avec La Poste. De plus je suis conseillère municipale à St Léonard des Bois. Je n’ai guère le temps de m’ennuyer.

· Quelle a été votre plus grande émotion dans votre carrière sportive ? Et quelles sont désormais vos ambitions ?

Le Championnat du Monde de Cyclo-cross à Zolder. Je ne pensais pas que c’était possible de gagner. Je ne voulais surtout pas faire 4ème. Mon objectif était de faire le podium. Personne n’avait battu Kupfernagel depuis 2 ans alors… J’ai eu l’opportunité de m’imposer avec surprise.

Mes ambitions sont les championnats de France, d’Europe et du Monde de VTT et de Cyclo-cross.

Je rêve d’une médaille aux JO d’Athènes 2004, j’aurais 32 ans et je pense que ça sera ma dernière chance de décrocher quelque chose.

 

Fin 2002...

Pour bien finir l'année 2002, Laurence Leboucher a remporté la finale du challenge national de cyclo-cross disputé ce week-end à Pontchâteau en Loire-Atlantique. La championne du monde nous parle de ses prochains objectifs en cyclo-cross et VTT pour la saison 2002-2003.

Le 12 janvier prochain auront lieu les championnats de France à Nommay, comment appréhendes-tu ce rendez-vous ?

"Cela va dépendre du circuit et de la boue car il y a deux ans, on avait tout fait à pied et j'espère que cela ne sera pas comme ça cette année."

Quelles seront tes adversaires principales ?
"L'aversaire principale, on l'a vu lors du Challenge, c'est Maryline (NDLR : Salvetat). Pour l'instant, c'est elle la plus dangereuse."

Et as-tu déjà une tactique de course pour la battre cette année ?

"Il faut prendre la course en main. L'année dernière, c'est elle qui l'avait prise en main et elle gagne. Maryline était plus forte que moi physiquement et il n'y avait pas photo. Il faut être forte physiquement, c'est la clef."

L'an dernier, tu devenais championne du monde de cyclo-cross, ce titre a-t-il modifié ta carrière ?

"J'ai fait un peu plus de courses internationales, j'ai participé aux manches de Coupe du monde avec l'équipe de France alors que je ne les faisais pas d'habitude. Cela me permet de progresser et notamment dans des domaines où je suis nulle comme dans la boue."

Que fais-tu justement pour améliorer ce domaine ?

"Il faut que je travaille au niveau de la puissance car j'en manque."

Quels sont tes grands objectifs pour cette fin de saison en cyclo-cross ?

"Monopoli avec les championnats du monde et Nommay."

Et as-tu des chances de conserver ton maillot arc-en-ciel ?

"Il faut voir le circuit car il semble plat et roulant mais de toute façon ce n'est pas facile de garder un maillot de champion du monde donc je serai déjà contente si j'accrochais un podium."

2003 sera une saison de transition pour le VTT, qu'en penses-tu ?

"En 2003, ce sera la course aux points UCI pour avoir le maximum de filles aux Jeux Olympiques donc la saison va être différente. Il va falloir courir et faire en sorte qu'il y ait trois Françaises en Coupe du monde pour marquer des points."

Et quel sera ton programme pour le début de la saison VTT ?

"Je ne sais pas encore ! Je m'occuperai de cela après ma saison de cyclo-cross."

Vas-tu participer à plus de manches de Coupe du monde ?

"Probablement plus qu'en 2002 mais rien n'est encore défini."

Et le budget du team VTT ne permettra-t-il de te déplacer sur les manches américaines de Coupe du monde ?

"Pour l'instant, je ne sais pas encore quel sera mon budget pour la saison 2003 donc il n'y a rien de fait !"

Propos recueillis le 29 décembre 2002.

 

Interview 2003

 

A l'aube d'une nouvelle saison Vtt, notre championne nationale a accordé une interview à VTTnet. Elle nous parle de vélo bien sûr mais aussi de sa vie extra-sportive.

Objectifs

 

VTTnet : A tes débuts dans le cyclisme, tu étais sur la route avec de bons résultats (Championne de France junior, 2 fois vice-championne de France de Contre La Montre,...), pourquoi es-tu passée au vtt ?

 

Laurence Leboucher : J'ai découvert le vtt un peu par hasard en 1993 lors du Paris-Roubaix VTT auquel j'ai participé et aussi sur quelques manches nationales de XC, cela m'a plus et j'ai alors décidé d'orienter ma carrière cycliste vers le Cross-Country.

V. : Quels sont tes objectifs 2003 par ordre d'importance ?

L.L : Les quotas olympiques pour les Jeux de 2004. Pour que la France ait le plus de représentantes possibles à ces jeux (au moins trois), il faut que les vététistes françaises accumulent les points UCI afin de répondre aux quotas olympiques.

Pour ce faire, il faudra forcément faire des places dans les différents championnats et coupes du Monde et d'Europe principalement mais aussi de France. Ceux-ci font aussi partie de mes objectifs.
Mon année sera réussie si j'obtiens ma qualification pour les JO 2004 et un podium aux Championnats du Monde.


V. : Comment s'est concrétisé le partenariat avec Commençal ?

L.L : Simplement. J'ai appelé Max un jour pour lui proposer une collaboration. Il a été un peu surpris de mon appel mais il était partant. C'est un contrat moral entre nous qui porte sur le matériel, rien n'a été signé et tout est basé sur une confiance mutuelle et réciproque. Je compte d'ailleurs finir ma carrière sur les vélos Commençal.

V. : Sur quels vélos vas-tu rouler cette année ?

L.L : En VTT sur le haut de gamme rigide de la marque, Le cadre VIP Nuts2 et en cyclo-cross sur un nouveau cadre en préparation pour l'hiver 2003-2004.


V. : Les JO de 2004, cela t'inspire ?

L.L : Beaucoup, ce sera mon dernier objectif en VTT, c'est aussi le seul titre qui me manque. L'année prochaine, je vais tout donner pour ne pas avoir de regrets, ce seront mes dernières olympiades et j'aimerais vraiment décrocher ce titre olympique.

Questions qui fâchent


V. : Que penses-tu des instances dirigeantes du cyclisme en général et celles du vtt en particulier ?

L.L : Il ne faut pas tomber dans la facilité et systématiquement tout critiquer mais tenter de se placer de l'autre côté de la barrière. Il n'est pas évident de faire avec les moyens actuels du vtt, la période est difficile en raison du manque de sponsors. Aujourd'hui la fédération essaie malgré tout d'aider au mieux les vététistes pour qu'ils puissent participer aux épreuves mondiales et européennes.

V. : Que penses-tu de la couverture médiatique dévolue au vtt ?

L.L : Aujourd'hui la presse spécialisée passe pratiquement sous silence la compétition en XC, il n'y a presque plus rien sur les athlètes de haut niveau sauf peut être sur les coureurs étrangers. La "mode" est au freeride/DH/Dual où l'effort, même s'il existe, arrive au second plan après le plaisir. Mais en XC aussi on peut prendre du plaisir mais pour ça il faut d'abord se faire mal.

Côté TV, c'était pas mal en 2000/2001 avec Eurosport et surtout Pathé Sport qui ont fait beaucoup pour le vtt comme Canal Plus et sa diffusion en clair du Tour VTT quelques années auparavant.

Aujourd'hui nous avons besoin de la télé et des autres médias pour relancer le vtt. Sinon, sans retombées médiatiques, comment attirer de nouveaux sponsors ?

V. : Le dopage, c'est plus ou moins que ces dernières années ?

L.L : Moins qu'avant même si le vtt n'était pas trop touché, la politique de la fédération porte ses fruits. Mais il ne faut pas se leurrer, ça existe encore et ça existera toujours mais aujourd'hui il est plus difficile ou plus risqué pour les tricheurs de se doper.

Equipe et entraînement


V. : Dans une période (qui dure) où la recherche de sponsors et d'équipes apparaît difficile pour les compétiteurs, tu as réussi à fédérer derrière toi tout un département. Comment as-tu fait ?

L.L : Comme pour Commençal, j'ai pris l'initiative et j'ai eu la chance de rencontrer des personnes qui m'ont suivies, même s'il est clair que mon palmarès a aussi joué en ma faveur. La Sarthe est un département sportif et son conseil général mise beaucoup sur cet aspect. Chaque année en tant que sportive de haut niveau, je participe à des rencontres avec des jeunes organisées par le conseil général à propos du vtt et parfois aussi d'autres sports. Je me rends aussi avec mon employeur (La Poste) dans les écoles.

J'ai eu la chance de fidéliser presque à mes débuts deux sponsors extra-sportifs (Les Biscuiteries de l'Abbaye, une entreprise de l'Orne et le département de la Sarthe), ce qui m'a permis d'être plus sereine concernant cette partie presque vitale d'une carrière sportive.

V. : Est-ce difficile de gérer son équipe ?

L.L : Ca ne me dérange pas, j'aime autant le faire moi-même. Même dans les équipes plus importantes, il faut parfois aussi le faire, là au moins tu ne rends de comptes qu'à toi-même. Mon ami m'aide aussi beaucoup. Depuis l'année dernière et l'intégration d'une cadette dans mon équipe, il faut aussi gérer les contraintes scolaires.

+ Avoir la liberté de choisir mon calendrier et mes déplacements et la logistique qu'il faut mettre en place pour chaque course.

- Faire les dossiers de sponsoring extra sportif pour avoir des réponses très souvent négatives.

V. : Une cadette (Lucie Garnier) fait partie de ton équipe depuis 2002. Qu'est ce qui t'a motivé à encadrer une jeune vététiste ?

L.L : Je n'ai pas eu la chance d'avoir une aide de haut niveau à mes débuts, et même s'il s'agit d'abord d'une aide au niveau du matériel, j'avais envie de faire profiter une jeune de mon expérience. En plus, elle habite près de chez moi. Ce sont ses frères qui m'ont parlé de Lucie, je suis allé la voir en course. Son tempérament et sa motivation m'ont plu et convaincue. Alors si je peux lui permettre de progresser et d'avoir la possibilité de faire une carrière, j'en serai très heureuse.

V. : Comment prépares-tu une saison de vtt ? Quelle est la base de ton entraînement ?

L.L : Je me base beaucoup sur mon expérience et sur les objectifs que je me suis fixés. Je fais pas mal de route tout au long de l'année. En hiver je fais du cyclo-cross, ça me permet de rester en forme et de ne pas trop perdre en technique vtt. Comme j'aime la compétition, cela me motive aussi pour m'entraîner car les sorties hivernales sont plus pénibles avec le froid et le mauvais temps. Je roule entre 12 et 16h (parfois moins) par semaine avec 1 à 2 jours de repos dans la semaine. Cela varie suivant les objectifs à venir. Je "coupe" aussi plusieurs fois dans l'année par périodes d'une semaine maximum.

V. : Es-tu tentée par une autre discipline du vtt (descente, dual,...) ?

L.L : Non. La descente n'est pas mon truc, je suis trop "vieille" mais plus jeune cela m'aurait tenté. Je suis venue assez tard au vtt (à 24 ans) et j'ai choisi le Cross Country, ma façon de pratiquer le vtt est donc très liée à cette discipline.

 

 

V. : En 1996, tu termines deuxième du Tour VTT. Aimais-tu le concept de cette épreuve (course et bivouac) ? Penses-tu que la réapparition de cette épreuve au calendrier international VTT serait intéressante ?

L.L : Le concept était intéressant et j'appréciais le bivouac, de part son côté "camping" il favorisait le contact et les liens entre tout le monde. C'est la société du Tour qui organisait le Tour VTT, ce qui lui donnait une certaine crédibilité. Il est certain que si le Tour revenait au calendrier, ça ne pourrait que faire du bien à notre sport.

V. : Tu es troisième du Championnat du Monde de cyclo-cross en 2003 après en avoir décroché le titre l'année précédente, qu'est-ce qui t'a décidée à t'aligner sur les épreuves de cette discipline ? As-tu l'intention de continuer à t'y engager ?

L.L : J'aime le cyclo-cross et j'allais souvent voir des épreuves avant de me mettre au vtt. J'aime l'ambiance et la proximité du public. Lorsque j'ai gagné le championnat du Monde en 2002 devant plusieurs milliers de personnes c'était vraiment impressionnant !

C'est aussi assez proche du Cross-Country. Que ce soit au niveau du circuit, de la technique ou de la gestion de la course.


Je compte courir en cyclo-cross jusqu'à l'hiver 2004-2005, ensuite j'arrête.


V. : Comptes-tu, comme Nicolas Vouilloz ou Anne-Caroline Chausson, t'aligner sur des épreuves de masse après ta carrière ?

L.L : Je ne sais pas, peut être des cyclo-sportives même si ce n'est pas trop vtt.

V. : La transition vtt/cyclo-cross se fait-elle facilement ? Les courses se gèrent-elles de la même façon ?
L.L : Oui, la transition est assez facile et les deux disciplines sont assez similaires et complémentaires. Une course de cyclo-cross comme une course de XC part vite. Le vtt me permet en cyclo-cross de bien gérer mon effort et le cyclo-cross me permet de ne pas trop perdre en technique pendant l'hiver.

V. : Quels conseils donnerais-tu aux jeunes qui voudraient suivre la même voie que toi ?

L.L : D'être vraiment passionnés et motivés sinon ce n'est pas la peine, le Cross-Country est une discipline exigeante et dure.

Présent et avenir


V. : Tu travailles à La Poste. Comment fais-tu pour concilier tes vies professionnelles et de sportive de haut niveau ?

L.L : Je travaille toujours à Alençon dans l'Orne. En tant que sportive de haut niveau, je bénéficie d'une adaptation de mon temps de travail. Concilier sport et travail ne me pose pas de problèmes et La Poste me permet de privilégier les épreuves de XC. En retour, toute ma communication en direction des médias passe par La Poste.


V. : Aujourd'hui, parviens-tu à vivre correctement de ton sport ?

L.L : Je peux continuer grâce à mon statut de sportif de haut niveau à La Poste, ça me permet d'être financièrement plus sereine. Si je n'avais pas ce travail, j'aurais arrêté depuis longtemps.


V. : Et la vie privée, est-ce facile à gérer quand on est souvent en déplacement ?

L.L : Oui parce que j'ai mon équipe "perso" et que mon ami m'accompagne pratiquement tout le temps car il a opté pour un travail à mi-temps pour pouvoir me soutenir.


V. : A quoi ressemble une journée normale de Laurence Leboucher ?

L.L : Il y a le vélo, matin ou après-midi parfois les deux. Ensuite l'organisation de mes différentes courses à venir, préparation des déplacements, les coups de fil à passer, mon boulot à La Poste. Mes journées sont bien remplies !


V. : Comment vois-tu ton avenir dans le vtt et celui de ta discipline ?

L.L : Je roule encore en vtt jusqu'en 2004, il me reste donc deux saisons à courir.
Aujourd'hui l'élite est mieux séparée de la masse des pratiquants qu'il y a quelques années où tout le monde courait avec tout le monde.

Le vtt est devenu plus mature, la meilleure preuve est qu'il est devenu sport olympique. L'avenir de ma discipline comme celui du vtt en général n'est pas si noir, le vtt n'est pas perdu. Actuellement tous les budgets sportifs sont touchés à cause de la situation mondiale actuelle.


V. : Si des choses sont à changer, lesquelles et pourquoi ?

L.L : C'est un classique mais plus d'argent permettrait de changer ou améliorer pas mal de choses.
Par exemple :

  • médiatiser plus les épreuves,
  • pour chaque événement important faire un circuit élite adapté aux retransmissions TV et un autre privilégiant l'aspect nature et découverte du vtt où tout un chacun pourrait s'inscrire.
  • de plus grosses primes de résultats pour attirer les jeunes.

     

V. : Y a-t'il une vie en dehors du VTT ?

L.L : Bien sûr ! J'aime le calme que procure la pêche, je fais aussi un peu de motocross, je m'occupe aussi de la réfection de la maison. Lorsque ma carrière sera terminée, je pourrais faire plus de choses puisque je n'aurai plus les contraintes de courses (les week-ends bloqués par exemple).


V. : As-tu déjà songé à ta reconversion ?

L.L : Oui et j'y pense de plus en plus. Pour l'instant j'hésite entre rester à La Poste ou passer mon professorat de sport pour exercer ensuite dans le vélo en général. Rien n'est encore fixé et il me reste encore un peu de temps pour me décider.


V. : Le meilleur souvenir de ta carrière ? Le pire ?

L.L : Ca ne va pas faire très vtt mais mon meilleur souvenir reste ma victoire au Championnat du Monde de cyclo-cross à Zolder en 2002, devant mes supporters (qui avaient fait le déplacement de la Sarthe) et 56000 autres personnes. Peut être parce que je n'y croyais pas trop avant le départ et que ce fut alors une énorme surprise et aussi parce qu'une foule aussi importante sur tout le circuit ça donne le frisson.
Le pire n'est pas non plus très vtt. C'est en 1989, lorsque je termine seconde du championnat régional sur route parce que je ne savais pas encore bien gérer une course. J'ai toujours eu horreur de perdre.


V. : Le rêve que tu aimerais voir exaucer ?

L.L : Devenir championne olympique au JO de 2004 pour finir ma carrière en apothéose. Ca c'est VTT !



V. : Quelles sont tes qualités et défauts ?

L.L : J'ai beaucoup de caractère et je suis exigeante dans la vie sportive et de tous les jours. Ca peut aussi bien se considérer comme défaut que comme qualité.

Qualité : gros mental

Défaut : caractérielle parfois et j'aime la bonne cuisine (plutôt incompatible avec le haut niveau !)