Monde 2002-2003

Le bel arc-en-ciel de Laurence Leboucher

03/02/2002

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Quatre ans après un premier titre mondial en VTT au Mont-Saint-Anne (Canada), Laurence Leboucher a revêtu, hier, à Zolder (Belgique), une nouvelle casaque arc-en-ciel. L'ornaise résidant en Sarthe a dominé ses adversaires de la tête et des épaules, grâce à ses qualités physiques et son sens consommé de la course.

 ZOLDER (de notre envoyé spécial). Rien de mieux qu'une bonne petite claque pour vous remettre les idées en place. Il y a trois semaines au National de cyclo-cross; Laurence Leboucher avait connu sa première défaite sur le sol français. « Je manquais sans doute da motivation. Ce revers m'a permis de me remettre en question pour le Mondial. Heureusement, au bout du compte, que j'ai été battue à Sarrebourg ! »

Laurence. Leboucher déteste perdre. Une semaine après ce rendez-vous lorrain manqué, elle s'était rendue à Zolder, en catimini, pour découvrir le parcours :« Une première bonne Impression. Un circuit qui ressemble un peu à celui d'une épreuve de VTT. Un. peu casse-pattes avec de nombreuses montés et descentes. Difficiles pour les rouleuses d'emmener du braquet.».

 Grande favorite, l'Allemande Kupfernagel , championne du monde en titre, n'allait pas trouver là terrain à sa convenance : « Je l'ai vue Il y a quelques semaines; elle a pris au moins cinq kilos, confiait-elle la veille de l'épreuve. Je suis certaine qu'elle va mal. Bien vu ! Laurence, porteuse du dossard numéro 13 se trouva d'ailleurs dans le coup très rapidement. Avec Kupfernagel, la puissante Allemande justement et la blonde néerlandaise Van Den Brand. « J'ai vu très vite que sur certaines portions techniques, elles avaient du mal à rester sur leur vélo. Je savais que j'allais attaquer là. »

Ce fut fait et bien fait... Et au fil des tours, la Sarthoise, en gérant sa course d'une manière remarquable, augmenta son avance pour la porter au final à plus d'une minute. A trente ans, dans quelques jours, Laurence Leboucher se situe au sommet de son art. En cyclo-cross, une nouvelle discipline pour les féminines (premier championnat de France à Manosque en 2000), mais aussi en VTT. « Je garde un superbe souvenir de ce titre au Canada mais ici, avec un tel public, c'était tout de même autre chose. Devant plusieurs dizaines de milliers de personnes c'est plus facile. On ne sent plus les pédales... »

Pourtant, ce titre mondial qui lui a apporté la même satisfaction qu'il y a quatre ans, ne va pas la faire dévier de sa voie. Le VTT restera toujours l'une de ses deux priorités « Avec notamment la Coupe d'Europe, dont une manche est prévue dans la Sarthe, à Bridon, les 27 et 28 juillet. Cette compétition constitue l'un de mes objectifs cette année. » Insatiable, Laurence : « Chez les féminines, le problème est bien, différent. Avec le VTT et le cyclo-cross, je ne dispute qu'une trentaine de courses par an. Je sélectionne mes épreuves et je ne suis pas du tout saturée. »

La petite puce Leboucher (48 kg pour 1,61 m) affiche toujours un appétit d'ogre. Pugnace, elle n'est jamais aussi redoutable que lorsqu'elle semble blessée. La revanche est aujourd'hui éclatante.

 

Michel LE NÉEL.

Le Monde de Leboucher

ZOLDER - (BEL)
de notre envoyé spécial
L’Equipe

A TOUS LES COUPS, ça gagne. Chaque fois que l'équipe de France de cyclisme étrenne une nouvelle tenue (celle-ci, à dominante bleue et à larges bandes tricolores, était portée pour la première fois par les cyclo-crossmen français, ce week-end, à Zolder), elle ramène un maillot arc-en-ciel.

Comme Luc Leblanc en 1994 à Agrigente, Laurence Leboucher, une Sarthoise de trente ans, est devenue hier matin, en Belgique, championne du monde de cyclo-cross, une spécialité que l'on croyait typiquement réservée aux hommes !

Les parcours ont certes évolué, évitant autant que possible les prairies grasses où l'on pataugeait naguère dans la gadoue. II n'y avait pas un filet de boue sur les figures des concurrentes, mais il est vrai que le printemps était en avance hier en Belgique, alors qu'il avait fallu fouler dans la neige fondue, voici trois semaines, à Sarrebourg, où Maryline Salvetat, une Tarnaise interne à l'hôpital d'Albi, avait soufflé le Championnat de France à Laurence Leboucher, jusque-là invaincue au plan national.

« Elle fait sa vie »

« À force d'entendre que je ne pouvais pas être battue, la motivation n'était plus là. Heureusement que je me suis fait battre, ça m'a permis de me remettre en question, analyse Laurence Leboucher en guise de leçon. Du côté de l'Union cycliste internationale, on reconnaît qu'il avait fallu vaincre quelques réticences machistes avant d'inscrire le cyclo-cross au programme des Championnats du monde, pour la première fois en 2000, alors que l'Allemande Hanka Kupfernagel (2e hier à Zolder) a survolé les deux premières éditions. Mais cette ouverture a créé une relative émulation, et elles étaient hier matin trente-trois concurrentes inscrites, certes de niveau peu homogène, représentant douze nations. Issue du VTT, où elle décrocha le titre mondial en 1998 au Canada, Laurence Leboucher se jeta immédiatement dans le bain du cyclo-cross, d'emblée au bord du podium mondial (4e en 2000 ; 5e en 2001). « C'est une grande surprise, reconnaissait-elle pourtant à l'issue de la cérémonie protocolaire. Je rêvais de monter sur le podium, sans tellement penser au titre. Mais je n'ai jamais fait deuxième ou troisième dans un Championnat. Ou je gagne, ou je ne fais rien, alors... »

Laurence enrichit ainsi une belle collection de titres de toutes sortes, dont elle éprouvait d'ailleurs quelques difficultés  à faire le décompte, hier, sous le coup de, l'émotion. « Les titres mondiaux, je maîtrise, j'en ai deux (VTT 1998, cyclo-cross 2002). »

Elle est aussi trois fois championne d'Europe de cross-country en VTT (1998, 2000, 2001) et s'efforçait de détailler ses huit titres de championne de France. « J'en ai deux en cyclo-cross, un sur route (contre la montre), donc ça m'en fait cinq en VTT » , dit-elle par déduction (quatre individuels et un par équipes). Joli palmarès pour ce gabarit léger (1,61 m; 48 kg) qui se consacre pleinement au vélo, au point qu'elle a monté sa structure personnelle, à son propre nom, associé au numéro de son département Leboucher MTB 72.

« Elle est très pro, remarque le DTN Patrick Cluzaud. Elle est parfaitement autonome et se gère toute seule; elle a monté son propre team où elle fait sa vie en allant cherchant ses sponsors et ses partenaires pour le matériel. »

Pour elle, pas de différence fondamentale entre le VTT ou le cyclo-cross, surtout lorsque le parcours, comme celui de Zolder, lui permet d'exprimer sa technique et son gros foncier. « J'ai vu que mes adversaires passaient à pied là où je pouvais monter à vélo, c'est là que j'ai fait le trou. »

Native d'Alençon mais tenant à ses origines sarthoises (licenciée à l'UV Fresnoise, elle habite à Saint-Léonard-des-Bois, pas très loin de chez Laurent Brochard), elle est vraiment notre championne tout-terrain. « On rigolait un peu des filles, plaisantait, ravi, le DTN Patrick Cluzaud. Mais ça va bien nous aider à développer le cyclo-cross féminin. »

PHILIPPE BOUVET

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