Quel est ton programme pour cette saison ?
"Je vais faire au moins trois manches de Coupe du monde : Madrid, Houffalize et Les Gets. Par contre, je ne sais pas si je participerai aux deux
manches au Canada, cela dépendra des premiers résultats. Je n'ai pas l'intention d'aller au Canada pour faire de la figuration, cela ne sert à rien et c'est trop cher ! On va voir mais je ferai le point après
Houffalize."
Quelles sont tes principales adversaires en Coupe du monde ?
"Je vois les Merida, elles font un festival en Coupe de Suisse et c'est impressionant. Je m'attends au pire à Madrid et à Houffalize ! Je pense
donc que Dahle et Spitz vont être de grosses cylindrées avec Marga Fullana. Elle sera à domicile à Madrid et je pense qu'elle sera bien même si c'est à quitte ou double avec elle. Sinon, je vois Blatter, Sydor,
Dunlap au niveau des courses internationales. C'est à peu près les forces en présence."
Et en Coupe de France ?
"Il faut suivre Hélène Marcouyre, elle marche largement mieux que l'année dernière. Il y a aussi les filles d'Egobike avec Sabrina Enaux qui marche
bien, il y a du monde et cela pousse un peu !"
Le fait d'avoir perdu le titre de championne de France l'an dernier te motive t-il plus ?
"Oui, j'ai envie de le reprendre car un titre est un titre. Les gens se rendent mieux compte d'un titre de championne de France. L'an dernier, je
gagne une manche de Coupe du monde mais pratiquement tout le monde l'a oublié, personne ne m'en parle. Par contre, on parle de mon titre de championne d'Europe."
Il ne reste plus que cinq manches en Coupe du monde, est-ce une pression supplémentaire ?
"Non, je n'ai aucune pression. On ne m'impose aucune course, je me donne des objectifs et je choisis mes épreuves. L'année dernière, je n'ai
d'ailleurs fait que trois manches donc cela ne change rien."
Et que penses-tu de cette évolution ?
"En fait, je ne sais pas trop quoi penser. Cela doit coûter trop cher. Mais, c'est aussi le cas pour les équipes car huit manches de Coupe du
monde, cela veut dire huit déplacements et c'est quand même de gros budgets. C'était bien lorsqu'il y avait huit manches et cinq résultats pris en compte, au moins il y avait des jokers. Aujourd'hui, on n'a pas
le droit à l'erreur alors que personne n'est à l'abri d'un problème mécanique en VTT."
Lucie Garnier n'a que 15 ans, elle représente l'avenir du VTT. Comment l'as-tu choisi pour intégrer le team ?
"Ce sont ses frères qui sont venus frapper à la porte, je les connaissais et ils l'ont bien vendu ! J'ai été séduite par le comportement car on ne
peut pas trop se rendre compte des qualités physiques à cet âge là. Cela ne veut pas dire grand chose, on a des jeunes qui vont marcher en cadet puis on ne les reverra plus jamais car ils en ont trop fait. Par
contre, c'est l'état d'esprit qui me plaisait bien."
Est-elle Sarthoise ?
"Elle est Mayennaise mais elle a la Sarthe sur le dos !"
Le côté régional a-t-il joué ?
"Oui, car je n'aurais jamais pris une jeune qui habitait à 300 km de la maison, cela ne m'intéresse pas. Il faut quand même de la proximité. Je ne
l'entraîne pas mais son club d'Evron est très au point pour les jeunes. C'est Franck Thomas qui les encadre et les jeunes ne font pas d'erreur à l'entraînement."
Et quel est son potentiel ?
"C'est dur de le dire à son âge. Il y a d'autres choses qui rentrent en ligne de compte comme la tête. C'est avant tout un état d'esprit qu'il faut
avoir en étant athlète de haut niveau, il faut en vouloir, il faut toujours se bagarrer. Il faut d'accepter d'être derrière pour ensuite d'être devant et ce n'est pas évident pour les jeunes. Certains gagnent
tout en junior puis après ils n'acceptent pas ne plus être sur les podiums en sénior, on n'y arrive pas comme cela et il y a des années de transition."
J'aime, j'aime pas ?
"J'aime le VTT déjà, le sport. J'aime bien me battre sur un vélo. Par contre au niveau extra-sportif, j'en ai marre de me battre, j'aime moins
bien. C'est dur de convaincre des gens car ils ont du mal à se rendre compte du travail fourni. Sinon, je n'aime pas les jaloux et il y en a quand même pas mal. Ils ont l'impression que Laurence Leboucher,
championne du monde, n'a qu'à claquer des doigts pour obtenir tous les budgets. En fait, on est tous dans la même galère et toutes les équipes aujourd'hui ont du mal. L'idéal serait d'avoir un million de francs
de budget mais je ne l'ai pas, j'en ai à peine le quart donc ce n'est pas la même chose. Mais c'est ce qu'il faudrait pour être professionnel. Aujourd'hui, nous sommes des amateurs même si on a des résultats de
pros."
Et si tu avais trois voeux à formuler ?
"Le premier serait qu'il y ait des gens qui ne fassent pas que me féliciter mais qu'ils m'aident financièrement. A force, j'ai peur d'en avoir
marre. Je me bats pour que cela réussisse mais un jour, l'élastique va casser. Le deuxième est de faire une médaille aux Jeux Olympiques, ce serait le top et l'accomplissement d'un palmarès. Enfin, le troisième
est d'avoir la santé car c'est le principal je pense. Quand on a ses quatres membres et que tout fonctionne, on peut faire pleins de choses et c'est important. Il y a des gens qui sont dans des situations pires
que nous donc on n'a pas trop à se plaindre, même si on voudrait toujours avoir mieux !"
Propos recueillis le 12 mai 2002 par Vélo 101