Cyclo 2002-2003

La Française Laurence Leboucher a remporté le titre mondial de cyclo-cross féminin, dimanche matin, sur le circuit de Zolder, en Belgique. L'Allemande Hanka Kupfernagel, tenante du titre, a terminé 2e à plus d'une minute de Leboucher.

Présentation : "J'ai 29 ans, j'habite dans la Sarthe. Je mesure 1m61 pour 48 kg."

Commençons par ton titre de championne du monde aquis à Zolder, pensais-tu avoir une chance de l'emporter ? :
“Non, pas du tout. J'y allais surtout pour ne pas ramener une médaille en chocolat. Je pensais que Kupfernagel serait plus dure à battre. Je craignais le départ car la course dure seulement 40 minutes, c'est donc le stress à l'entrée de grille car tu as la pression. Puis, j'ai vu que, techniquement, j'étais mieux que les deux autres, je les rejoignais dans les montées lorsqu'il fallait donner des coups de pédale. Quand mon avance a atteint 10 à 20 secondes, je me suis dit que je pédalais pour le titre. Et gagner devant 56000 spectateurs (dont 60 Sarthois), ce fut une grande émotion.”

Quel est le titre qui t'a le plus ému ? 1998 en VTT ou 2002 en cyclo-cross ? : "En 1998, j'ai pleuré sur le podium, ce que je n'ai pas fait cette année. Mais, ce sont deux sensations différentes et j'apprécie autant les deux titres."

La saison VTT va bientôt débuter, à quelles courses vas-tu participer ? : "Je vais débuter par Paris-Roubaix VTT puis la Coupe d'Europe XC en Belgique. Cette année, je participerai à la Coupe du monde, d'Europe et de France. Pour les épreuves de masse, je serai certainement au départ du Roc d'Azur mais pas aux épreuves de masse de mars car j'ai besoin de décompresser après ma saison de cyclo-cross. Sinon, je serai au départ de la Gamelle Trophy car l'épreuve se déroule chez moi et le parcours est vraiment plaisant, on se fait plaisir."

Et quels sont tes objectifs ? : "Je vais essayer de faire la Coupe du monde entièrement pour la gagner, il me manque deux courses à mon palmarès et je me donne deux ans pour remporter cette épreuve en attendant les Jeux Olympiques en 2004."

Si l'on te parle d'Athènes, cela t'évoque quoi ? : "C'est un rêve d'y aller mais aussi de décrocher une médaille. J'ai déjà trois olympiades et le but en soi est d'obtenir une médaille. Pour la couleur, on verra pendant la course et les circonstances."

Quel est l'avenir de ton équipe Team MTB 72 en 2002 ? : "L'avenir, c'est Lucie Garnier et moi même. Nous sommes en attente de partenariats financiers car sans moyen, on ne peut pas aller bien loin. Avec mon ami Stéphane, nous avons investi en 2001 mais je ne pourrai pas continuer comme cela pendant des années."

Que penses-tu des vététistes qui passent sur la route ? : "C'est surement dû à la conjoncture du VTT. Il y a sûrement d'autres sensations à courir le Tour de France par exemple et la route est bien plus médiatique que le VTT."

Et toi, as-tu l'intention de franchir le pas ? : "Si j'étais un garçon, je tenterais ma chance sur la route mais je le ferais uniquement si j'avais des chances de gagner des courses, pas pour galèrer derrière."

Justement, comment vois-tu l'avenir du VTT en général et celui du VTT féminin ? : "Je pense qu'il ne faut pas dissocier les deux. Nous sommes dans un tournant pour le VTT, il faut revoir le concept des organisations et notamment la Coupe de France. Il faut faire un concept pour la masse (randonnée avec classement comme les cyclosportives, avec un diplôme en fonction de sa catégorie) et l'élite (circuit plus court pour mieux médiatiser le VTT car c'est plus facile de téléviser un circuit VTT de 5 km qu'un circuit dans les Alpes de 18 km). L'objectif du coureur amateur et de haut niveau est vraiment différent."

Quel rôle joues-tu chez Commençal, participes-tu au développement de la gamme ? Oui, au niveau des vélos de cyclo-cross mais j'ai pas grand chose à ajouter pour les vélos de VTT. Celui de cyclo-cross sera un peu modifié l'année prochaine. Un pilote doit servir à cela : à faire évoluer le matériel."

Te consacreras-tu un jour aux raids longue distance ? : "Non, car on ne peut pas tout faire ! Participer à la Coupe du monde et aux épreuves de longues distances n'est pas compatible. On n'est pas des machines et après les Coupes du monde, de France, d'Europe, le Roc d'Azur, on en a pleins les jambes ! Après les JO peut-être mais pas pour le moment."

As-tu déjà choisi la date lorsque tu arrêteras le vélo ?: "Pour le VTT, cela dépendra de mes résultats en 2004 mais je ferai certainement la saison 2005 en cyclo-cross et ensuite il sera temps de laisser la place aux jeunes."

Et après le vélo, que comptes-tu faire ? : "Pour le moment, j'ai un poste CDI avec la Poste. Ils doivent me proposer un poste après ma carrière mais j'aimerais bien rester dans mon sport. Peut-être passer le professorat de sport car on a des facilités pour les athlètes de haut niveau. Je souhaite faire profiter aux jeunes mon expérience de haut niveau."

Comment as-tu débuté le vélo et à quel âge ? : "J'ai débuté à 16 ans et demi, pas avant car je n'avais pas de vélo. J'ai économisé pour m'en acheter un, mon premier vélo était un Peugeot Mont Blanc à 2340 FF acheté à Alençon. J'avais au début une licence FSGT puis j'ai signé ma première licence FFC en 1989 et j'ai gagné les championnats de France cette année là. Je suis venue au VTT par hasard en 1988 lors d'une course organisée près de chez moi par le receveur de la Poste, j'avais gagné au scratch devant les garçons. A l'époque, le VTT n'était pas ma priorité. Il a fallu attendre 1993 pour que je refasse du VTT. On m'a proposé de rouler pour une marque, j'ai participé à Paris-Roubaix VTT et j'ai gagné ! En 1994, je me suis cassée le poignet au mois de mai, j'ai fait de la route pour revenir et lors du Tour féminin, je me suis pris un arbre sur le dos. Ce fut un tournant et ma carrière a vraiment commencé dans le VTT en 1995. Mon accident m'a forgé le caractère car je suis passé à côté du fauteuil roulant."

Quel est le coureur cycliste que tu admires le plus et pourquoi ? "C'était Bernard Hinault car en dehors de lui, il n'y en a pas beaucoup qui m'ont fait rêver. Sinon, Julie Furtado en VTT car cela représentait un rêve américain."

As-tu un club de supporters ? : "Il vient d'être crée au mois de décembre (Fan Club Laurence Leboucher - 3 rue A. Berget - 72000 Le Mans - 02 43 88 22 76), il compte déjà une cinquantaine de membres. Dans le cyclo-cross, les Belges ont tous leur fan-clubs et en France on n'est un peu en retard mais cela se rattrape (Guillaume Benoist a déjà son fan club par exemple)."

Le mot de la fin : "Il ne faut pas hésiter à venir me poser des questions sur les courses, je serai là pour vous répondre."

Propos recueillis le 12 février 2002